Rapatriement des familles de djihadistes : les nouveaux éléments concernant les 225 mineurs accueillis par la France

Selon le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti 77 mineurs ont été rapatriés par les autorités françaises. Reste désormais l’assistance et l’accompagnement dans la réinsertion, vrai dilemme pour les pouvoirs publics. 

La France accueille actuellement 225 mineurs ayant séjourné dans des camps de familles de djihadistes au Moyen-Orient, a annoncé mercredi 5 octobre le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, devant la commission des lois du Sénat. Ce nouveau bilan complète les informations de juillet dernier, alors que la France avait fait revenir 35 d’entre eux, faisant de ce rapatriement le plus massif en France depuis la chute en 2019 du califat de Daesh. “Une situation inédite”, avait réagi le 6 juillet 2022 sur France culture Me Marie Dosé, avocate pénaliste au Barreau de Paris et militante du collectif Familles unies, qui rassemble les proches des familles retenues notamment en Syrie. Lundi, une femme et ses deux enfants retenus dans le camp de Roj ont été rapatriés en France. 

“Un enfant n’a pas vocation à rester placé en famille d’accueil”

Une fois rapatriés, les enfants sont confiés dans un premier temps aux services de l’aide sociale à l’enfance. Les mineurs sont ensuite examinés par un médecin. Il s’agit alors de faire le bilan de santé d’enfants carencés, souffrant de malnutrition et traumatisés par les horreurs passées, grâce à l’aide de professionnels, dont des psychologues. Ensuite, ils sont placés en famille d’accueil avant la saisie d’un juge des enfants, qui lui-même ordonne des mesures dans leurs familles biologiques, à savoir les oncles, tantes ou grands-parents. “Un enfant n’a pas vocation à rester placé en famille d’accueil ou en foyer donc quand les grands-parents [ou oncles, tantes…] sont prêts, le juge des enfants va ordonner leur placement chez eux”, assurait alors Me Marie Dosé. Des mesures parfois compliquées notamment pour les 22 enfants orphelins et les 77 nés sur zone qui ne connaissent “rien de la France”, selon Éric Dupond-Moretti. 

Devant les sénateurs, mercredi, Éric Dupond-Moretti a loué la position française qui concilie à ses yeux “humilité et grande prudence” dans la prise en charge des enfants. Le ministre a aussi tenu à préciser que sur les 225 mineurs accueillis par la France, 188 font l’objet de mesures éducatives et 11 sont poursuivis pénalement pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. 

La France condamnée par la Commission européenne des droits de l’Homme

“D’autres opérations pourront suivre lorsque les familles sont volontaires pour rentrer”, a assuré hier Éric Dupond-Moretti. Il a tenu à souligner que les opérations de rapatriement posaient des problèmes de sécurité pour ceux qui les menaient : “Pour organiser ces opérations de retour, lorsque c’est possible, c’est toujours compliqué, très complexe, très difficile”.
Le discours du ministre de la Justice intervient alors que la France a été condamnée, le 14 septembre dernier, par la Commission européenne des droits de l’Homme (CEDH), pour n’avoir pas justifié son refus de rapatrier deux femmes djihadistes et leurs enfants de Syrie. Éric Dupond-Moretti s’est défendu d’une “position parfaitement équilibrée” en assurant : “L’arrêt de la Cour européenne ne remet pas en cause cet équilibre”.

Anaïs Audureau

Post a Comment