Accès à l’avortement : où en est-on dans le monde ?

Depuis plusieurs décennies, la tendance est à la dépénalisation de l’avortement mais le droit à l’IVG est toujours soumis à certaines conditions dans le monde.

Marche pour défendre le droit à l’avortement à Washington, © Allison Bailey / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un sujet international qui évolue au fil du temps. En 30 ans, près de 60 pays ont assoupli leurs lois sur l’avortement, à l’image de l’Argentine qui a légalisé l’IVG en 2021. Aujourd’hui, 77 pays autorisent l’avortement sans conditions. Mais ce droit est continuellement remis en question : quatre pays ont fait machine arrière sur leur législation pour interdire en partie l’accès à l’IVG. Parmi eux, les Etats-Unis avec la révocation en 2022 de l’arrêt Roe vs. Wade qui a rappelé que ce droit n’était pas totalement acquis dans n’importe quel pays du monde.

Des avancées en terme de dépénalisation

La question de l’avortement reste politique et controversée dans le monde. Cependant, une majorité de pays autorisent l’avortement sans condition, sur demande. L’Europe est le continent le plus souple sur le droit à l’avortement : sur les 50 pays appartenant au continent, seuls cinq ont un accès restrictif à l’IVG. Au contraire, en Afrique, les états qui ont dépénalisé l’avortement ne sont pas nombreux et l’accès inconditionnel à l’IVG reste une exception sur le continent, en Afrique du Sud par exemple ou encore en Tunisie et au Mozambique.

Au total, 35% des femmes en âge de procréer dans le monde ont accès plutôt librement à l’avortement, soit 661 millions de femmes. Mais si ces femmes ne sont pas contraintes de fournir une quelconque justification, elles sont parfois confrontées à des obstacles. Le délai légal d’avortement est différent d’un pays à l’autre et pousse encore de nombreuses femmes à devoir se rendre dans un autre pays pour avorter. En Europe, les Pays-Bas permettent aux femmes un accès à l’IVG jusqu’à 24 semaines de grossesse. La majorité des pays autorisent l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse. Récemment, en mars 2022, la France a prolongé ce délai de deux semaines pour permettre aux femmes de bénéficier de plus de temps pour décider d’avorter.

Même dans les pays les plus permissifs dans l’accès à l’IVG, les médecins et sages-femmes ont la possibilité de refuser de pratiquer un avortement. La clause de conscience dont ils disposent leur permet de manifester leur refus en raison de convictions personnelles ou éthiques. Cette clause est souvent remise en question dans la lutte pour préserver le droit à l’IVG.

41% des femmes vivent dans une région du monde restrictive

Dans près de 100 pays, l’avortement est en partie dépénalisé mais demeure accessible uniquement sous certaines conditions. 25% des femmes en âge de procréer vivent dans une région du monde où l’accès à l’IVG est autorisé sous conditions sociales ou économiques. C’est le cas de l’Inde ou du Japon où la demande d’avortement est soumise à des justifications comme l’incapacité à élever un enfant dans un contexte économique et/ou social difficile.

Mais c’est majoritairement pour des raisons de santé ou de survie que l’IVG est autorisé dans de nombreux pays. En Iran, au Mali ou encore au Brésil, l’avortement est autorisé en cas de danger pour la vie de la mère. Dans d’autres pays, la malformation du fœtus ou la mise en danger de la santé de l’enfant et/ou de la mère est un facteur d’accès à l’IVG. Sans justification médicale, les femmes n’ont pas accès à l’avortement. C’est le cas de la Pologne qui a l’une des législations les plus restrictives en Europe concernant l’accès à l’IVG. Depuis peu, des laboratoires polonais ont même mis au point un test sanguin permettant de détecter la prise d’une pilule abortive dans le passé. Un nouveau pas vers les restrictions qu’impose le gouvernement depuis 2021.

Dans plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie, les femmes victimes de viol ou d’inceste ont le droit de mettre un terme à leur grossesse. D’autres conditions sont un frein à l’accès à l’IVG pour les femmes. Au Maroc, par exemple, les femmes ne peuvent avorter sans l’autorisation de leur mari. En Arabie Saoudite, c’est l’accord des parents de la femme qui est obligatoire pour accéder à l’avortement.

L’IVG toujours interdite dans une vingtaine de pays

Le Salvador, le Honduras, l’Egypte, le Sénégal ou encore Malte font partie des 22 pays qui interdisent totalement l’avortement, quel que soit le contexte de la grossesse. Cela concerne 6% des femmes en âge de procréer, soit 111 millions de femmes dans le monde. Ce sont dans ces pays que la mortalité due à des avortements clandestins est la plus élevée.

En Europe, Malte est le pays qui possède la législation la plus dure. C’est le seul pays de l’Union européenne à interdire strictement l’avortement. Une femme qui interrompt sa grossesse risque 18 mois à trois ans de prison. En Andorre, l’avortement est interdit, même en cas de viol ou d’inceste. De la même manière, dans certaines régions du monde, notamment au Proche et au Moyen-Orient, les femmes dont la grossesse est issue d’un viol ou d’inceste sont contraintes de donner naissance à l’enfant.

Les conditions restrictives ou l’interdiction stricte poussent parfois les femmes à avoir recours à un avortement clandestin, dans de mauvaises conditions d’hygiène. L’Organisation mondiale de la santé rappelle que 40 000 femmes meurent chaque année à cause d’une interruption volontaire de grossesse réalisée clandestinement.

Alexane Marcel

Post a Comment