Après le discours présidentiel en Corse les associations locales sont sceptiques

Le président Emmanuel Macron, face à l'assemblée de Corse à Ajaccio, jeudi 28 septembre.

Le président Emmanuel Macron s’est rendu à Ajaccio en Corse pour apporter une réponse à l’autonomie de l’île. Les réactions ont afflué, les associatifs et élus s’interrogent sur la viabilité du projet.

«C’est un moment historique» a déclaré Emmanuel Macron face à une assemblée de 63 élus. Le chef de l’État a prononcé un discours qui ouvre la voie à une autonomie de la Corse. Le déplacement et le discours n’ont pas fait l’unanimité. «C’est tout sauf historique sa venue, c’est un non événement», souffle Josepha Giacometti, élue du mouvement indépendantiste Corsica Libera. L’élue a boudé le discours présidentiel, «assaillie par les communiqués de l’Élysée.»

Pierre-Paul Battista, président de l’association la Maison de Corse juge le discours «fumeux». Un texte difficile à mettre en place en l’espace de six mois. «On peut avoir 100% des élus de l’assemblée d’accord sur un texte global, le problème c’est la suite à l’Assemblée. Un seul vote contre et tout le processus est bloqué», projette-t-il. Plusieurs élus, notamment Jordan Bardella (RN) et Valérie Pécresse (LR) se sont prononcés contre l’autonomie de la Corse.

Pour l’heure, l’île possède des compétences limitées sur sa politique culturelle et l’éducation, issues de la loi de décentralisation de 1983. «Il faut donner les moyens et les mettre en oeuvre, insiste Josepha Giacometti, sur les domaines stratégiques, la santé, l’emploi, si l’on veut conférer des droits et une reconnaissance au peuple corse».  

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Priorité aux secteurs en difficulté sur l’île

L’île de beauté est l’une des régions métropolitaines les plus pauvres de l’Hexagone, avec 20% d’habitants sous le seuil de pauvreté, selon l’INSEE. «Ce n’est pas une ligne d’autonomie qui va remplir nos supermarchés», embraye Pierre-Paul Battisti. «Depuis 2015, les victoires nationalistes se sont accrues», ajoute Josepha Giacometti. En 2014, le Front de Libération National Corse (FLNC), à l’origine de nombreux attentats délaisse pour un temps les modes d’action violents, et s’engage en politique. L’assemblée Corse est élue au suffrage universel en 2018.

L’instance incarne les divisions de la population corse, avec un parti indépendantiste et autonomiste, républicain et bonapartiste. Pierre-Paul Battista songe à une France régionalisée, «où chaque région possède ses compétences », calquée sur le modèle italien ou belge. Avec en ligne de mire, la protection de la langue Corse, «en ratifiant la Charte européenne des langues régionales », ajoute Pierre Paul Battisti. La France a signé mais n’a pas ratifié le texte, depuis son arrivée en 1992. Et pour cause, le deuxième article de la Constitution inscrit que la langue de la République est le français.

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