Les Français les plus pauvres davantage touchés par les maladies chroniques

Une étude statistique du ministère de la Santé révèle de nouveau que les Français ne sont pas tous exposés de la même manière aux maladies chroniques. En cause, notamment, la prévention. 

Les 10% les plus pauvres sont plus à même de développer une maladie chronique que les 10% les plus riches. C’est ce que confirme une étude statistique de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) pour le ministère de la Santé.  A âges et sexe comparables, les plus modestes ont presque trois fois plus de risque d’avoir du diabète que les plus aîsés, et deux fois plus en ce qui concerne les maladies psychiatriques. Quant aux maladies neurologiques, comme Alzheimer ou Parkinson,  et cardioneurovasculaires, les plus pauvres ont 1,5 fois plus de risque d’en contracter une. 

“S’il y a des différences à ce point importantes, c’est que lorsqu’on appartient à une catégorie sociale qui est culturellement et économiquement plus favorisée, on aura accès très tôt à la prévention”, analyse Joëlle Kivits, chercheuse en santé publique. “On va mieux s’alimenter, faire de l’activité physique, se faire dépister régulièrement et avoir un meilleur accès aux soins”, poursuit-elle.

Dans les faits, les malades les plus modestes meurent en moyenne à 79 ans contre 85 ans pour une personne aisée, elle aussi atteinte. Les inégalités sociales en matière d’espérance de vie en sont renforcées : sans les maladies chroniques, l’écart à la naissance entre les plus pauvres et les plus riches diminuerait de plus d’un tiers. 

Une situation comparable selon le niveau professionnel 

L’étude analyse aussi les disparités en fonction des professions. Le constat est presque identique, niveau professionnel et niveau de vie étant fortement corrélés. Les ouvriers développent deux fois plus de maladies psychiatriques et de diabète que les cadres et professions intellectuelles supérieures. “Au sein même du lieu de travail, qui doit mettre en place des actions de prévention pour les salariés, il y a de fortes disparités entre cadres ou ouvriers”, explique Joëlle Kivits. 

Un dépistage plus fréquent et plus précoce : c’est notamment ce qui pourrait expliquer le fait que les femmes cadres soient plus touchées par le cancer du sein que les artisanes, commerçantes, employées et ouvrières, comme le montre le rapport de la DREES. Néanmoins, les chances de guérison sont plus importantes puisqu’elles sont prises en charge plus tôt. 

Des leviers existent pour lutter contre cette inégalité. Par exemple, faciliter et améliorer l’accès aux services de soins pour les populations les plus défavorisées. Cela commence par assurer le maillage territorial, notamment dans certaines zones reculées des villes où l’offre de soin faillit. Ou encore, rendre plus lisible cette offre pour que tous puissent s’orienter vers le corps médical pertinent et être soigné en temps et en heure.

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