Un campement de consommateurs de crack démantelé à Paris

Le campement de Forceval, dans le nord-est de Paris, où se rassemblaient les consommateurs de crack depuis un an, a été démantelé mercredi par la police.

Entamée peu avant 7H00, l’opération était quasiment bouclée en milieu de matinée, après l’intervention des services de nettoyage, et seuls de rares toxicomanes étaient visibles dans les rues environnantes. Certains “crackeux” ont profité de la mise en place du dispositif pour sortir du campement, sans être interpellés. D’après les acteurs associatifs, entre 300 et 400 personnes la journée et 150 la nuit, dont 35 à 40% de femmes, étaient présents dans ce square. Les dealers y vendaient les cailloux (dose de crack) au milieu des consommateurs. 

Sur instruction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un millier de policiers et gendarmes ont été déployés. Ces consommateurs de drogue avaient, dans le passé, déjà été déplacés à plusieurs reprises au gré de la colère des riverains. Errant Place Stalingrad, ils avaient été dirigés près du périphérique, square Forceval (XIXe arrondissement), plus à l’écart. Un mur, vite baptisé le “mur de la honte”, y a même été érigé. Là encore, les habitants du quartier et de celui de la Villette à Paris n’ont eu de cesse de se plaindre des agressions, vols et autres nuisances engendrés par l’installation des consommateurs de crack.

Une opération attendue qui laisse perplexe

“Depuis un an on demande l’évacuation mais aussi la prise en charge des toxicomanes et des malades du crack”, a rappelé Melinda Bernardo, du collectif “93 Anti-Crack”, présente sur le site. “On est sceptiques sur cette évacuation, on n’a pas l’impression qu’elle soit suivie de ce qu’on demandait (…). On a peur que ce soit bis repetita avec un déplacement comme des bêtes et ça c’est insupportable pour nous”. Du côté des associations de riverains et de commerçants, c’est le “soulagement” qui prédomine, teinté d’inquiétudes.

“Selon nous les conditions ne sont pas réunies pour qu’il n’y ait plus de scènes ouvertes”, a averti sur place, Marie Debrus, référente des risques liés aux usages des drogues chez Médecins du Monde. “Il y a une dispersion des usagers et dans quelques mois, on les verra dans les halls d’immeuble “, a-t-elle poursuivi, dénonçant une “crise humanitaire orchestrée par les pouvoirs publics”.

Un démantèlement défendu 

Pour le maire PS du 19e arrondissement, François Dagnaud, cette opération était “inévitable et nécessaire pour restaurer la vivabilité de nos quartiers” mais “pas suffisante”. La reconstitution du camp est un “risque que tout le monde doit avoir à l’esprit et qui n’est dans l’intérêt de personne”, a-t-il prévenu.

De son côté, la Place Beauvau a précisé que “les personnes recherchées seront interpellées, tout comme les étrangers en situation irrégulière qui seront placés en CRA (Centre de rétention administrative, ndlr) en vue de leur expulsion”. “Les autres occupants seront orientés vers des dispositifs d’hébergement avec accompagnement médico-social ou dans des unités de soins”.

Le dispositif sera déployé “dans la durée” afin d’empêcher “absolument” toute reconstitution ailleurs, a-t-on expliqué au ministère de l’Intérieur.

EJT avec AFP

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